A près le séisme du 11 mars 2011, les réfugiés, une fois retournés dans leurs maisons détruites et effondrées, se sont mis à chercher parmi les débris leurs photos de famille. Ces scènes traduisent à nouveau le rôle social et la signification des images d'aujourd'hui. Depuis l'invention de la photographie, du cinématographe et de la vidéo, devenus les outils de communication privilégiés de l'époque moderne, les images constituent le socle de notre mémoire sociale. Les images photographiées, filmées et sauvegardées sont autant de traces de notre vie et de notre civilisation. Elles constituent notre patrimoine culturel, révèlent les tréfonds de notre émotivité, et dessinent nos identités individuelles et sociales.

En 2008, un an après le grand séisme de Niigata de 2007, nous avons lancé un projet intitulé « Archive d'images régionales » et exploité, sauvegardé et numérisé bon nombre des photos ou des films produits par habitants de la région depuis le dix-neuvième siècle, afin de redécouvrir leur vie et leur monde. Puis ces archives ont fait l'objet d'expositions, elles ont motivés des manifestations culturelles et artistiques. Nous avons sollicité tant les établissements du secondaire que ceux de l'enseignement supérieur et mis à contribution les centres de recherches car nous souhaitions que ces images soient à nouveau socialisées, qu'elles soient constituées en objet éducatif, qu'elles touchent un vaste public, et puissent retourner dans le tissu sociétal dont elles étaient issues.

À l'occasion de cette exposition à Paris, nous nous proposons de présenter l'image non pas comme un objet de consommation émanant de mass-médias, mais comme une trace ethnographique témoignant de l'identité et de la culture des citoyens de notre temps. La région de Niigata vous livre ses archives et propose son regard sur la vie des habitants de l'archipel. À la Maison du Japon, nous voulons mettre en scène des images "en voie de disparition" qui révèlent en filigrane une culture japonaise prise sur le vif.